Venezuela: Le « dollar criminel »

…un dollar simple papier imprimé aux États-Unis, sans aucune garantie bien qu’il affiche “Nous avons confiance en Dieu”, un dollar qui probablement va s’effondrer face à d’autres monaies ayant des garanties comme l’or, une production sérieuse et des affaires décentes.

Perler de monnaie et de crime correspond est la tâche des économistes et des criminologues, mais au Venezuela le terme « dollar criminel » est une image adoptée par le peuple qui le vit au quotidien et il faut prêter attention à ses commentaires pour informer ceux qui à l’étranger peuvent se demander ce que symbolise cette image.

Le président Nicolás Maduro a évoqué ce qu’il appelle le “dollar criminel” pour expliquer la hausse de la devise usaméricaine par rapport au bolivar (AP Photo/Ariana Cubillos,).

Un crime met en scène des éléments comme le mobile, l’arme, l’auteur matériel et parfois intellectuel et nécessite une victime.

Avec un dollar usaméricain dans l’ombre, l’histoire a commencé il y a des années avec une guerre de plusieurs batailles contre le bolivar, la monnaie vénézuélienne.

Le Venezuela veut « défendre » sa monnaie face au dollar usaméricain : Le président vénézuélien Nicolas Maduro, en novembre dernier HOTO LEONARDO FERNANDEZ VILORIA, ARCHIVES REUTERS.

Par magie ses billets ont disparu ; ils ont réapparu en Colombie et même en Europe; la Banque centrale vénézuélienne a retiré plusieurs coupures que des trafiquants furieux ont brûlé publiquement; à Miami, a été « officialisé » un change parallèle dollar/bolivar; d’inévitables dévaluations ont supprimé plusieurs zéros au bolivar et du jour au lendemain le Venezuela a été inondé de dollars den petites coupures accessibles au peuple.

L’objectif était évident : déstabiliser l’économie, créer une pénurie pour motiver un mécontentement et provoquer une révolte populaire.

Tout cela a échoué car le peuple a réussi à résister pacifiquement mais alors ils ont imposé la stratégie du « dollar criminel ».

Son mobile : le même objectif que le précédent.

Ses auteurs matériels : ceux qui créent des changes parallèles et des commerçants qui en profitent pour augmenter leurs profits déjà énormes.

Ses auteurs intellectuels et complices : des stratèges usaméricains et vénézuéliens qui sous l’étiquette d’opposants encouragent les adversaires du Venezuela à renverser leur gouvernement.

L’arme : à première vue le dollar qui produit une hyper-spéculation induite. Mais il y a d’autres dollars, ce sont des bolivars de riches hommes d’affaires et commerçants qui depuis des générations, comme le Venezuela n’a pas imposé un véritable contrôle des changes, réinvestissent peu dans leur pays et exportent leurs gains sur des comptes internationaux. Ce sont des dollars nés bolivars et à cause de la dévaluation du bolivar, les riches sont chaque jour plus riches et le peuple chaque jour plus pauvre.

Sa victime : le peuple vénézuélien travailleur, avec des salaires ou des pensions dans sa monnaie nationale, contraint d’acheter ses produits de première nécessité à des tarifs dollarisés.

Le dollar s’envole tous les jours…. Le pire, c’est que nous, citoyens ordinaires, sommes la cible.

Cette image simpliste ne prétend pas cacher une situation complexe que seuls les politiciens et les économistes peuvent résoudre, y compris la matrice d’opinion pour que le peuple ne se rende pas compte que le “dollar criminel” peut détruire son pays et sa souveraineté. Le dollar, simple papier imprimé, sans aucune garantie bien qu’il affiche “Nous avons confiance en Dieu”, un dollar qui probablement va s’effondrer face à d’autres monnaies ayant des garanties comme l’or, une production sérieuse et des affaires décentes.

Jean Araud pour La Pluma, le 30 janvier 2023

Español: El “dólar criminal”.Pag.13, Le Courrier de l’Orénoque, Caracas, le 10 janvier 2023

Edité par María Piedad Ossaba

En Español: Venezuela: El “dólar criminal”